Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/184

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effet, c’est dans les bras de la populace qu’il faut se jeter quand on ne veut plus de lois. »

On verra comment, trois jours après la publication de cet article, ceux qui traitaient la populace avec tant de mépris, se servirent d’elle.

La dissolution de la chambre avait donné lieu à des élections nouvelles. Là devait être le triomphe des libéraux : là fut aussi leur danger. La royauté avait résolu d’exciter contre eux les fureurs populaires. À ce pouvoir électif, dont ils s’armaient pour la contenir, elle opposait par ses écrivains le suffrage universel. Quelques-uns de ses agents parcouraient les villes du Midi, et cherchaient à y fomenter des émeutes factices. À Montauban, l’élu de la bourgeoisie, M. de Preissac, fut assailli dans sa maison par une bande furieuse, qui demandait sa tête en criant Vive le roi ! Les meneurs du parti libéral exagérèrent ces actes de violence, ne songeant pas que c’était gagner au parti opposé toutes les âmes sans courage.

Dans la Normandie, on avait vu s’allumer des incendies mystérieux. Ces calamités, nées du hasard ou des haines privées, devinrent bientôt, interprétées par les passions, des combinaisons atroces et comme un essai de terrorisme monarchique. On se rappela les verdets ; on s’entretint avec inquiétude, dans les familles, des scènes qui, en 1815, avaient ensanglanté le Midi. Alors les alarmes redoublèrent, et, parmi les agitateurs opulents, plusieurs commencèrent à se repentir.

La santé du vieux monarque, qu’on avait vu dans les dernières années décliner rapidement, semblait