Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/191

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noblesse était préféré, n’eût-il été que simple sous-lieutenant, à une plébéien maréchal de France. De là, des mécontentements, une désaffection sourde ; et, dans les chefs de l’armée, une grande défiance de leur propre autorité. Combien ne devait pas être irritante pour d’anciens soldats comme le duc de Reguse et le général Vincent, cette prédominance absolue de la hiérarchie de cour sur la hiérarchie militaire ? Dans les pays despotiques, ils avaient vu la splendeur des titres s’éclipser à côté de l’éclat des grades : ils s’étonnaient tout à la fois et s’indignaient que, dans un régime constitutionnel, on fit plus de cas d’un parchemin que des plus brillants états de service.

À ces fautes de Charles X, le clergé ajoutait les siennes. Pendant que le bas clergé déconsidérait le pouvoir par ses taquineries, le haut clergé le compromettait par ses intrigues et son orgueil. L’influence des aumoniers dans les régiments y était un sujet de sarcasme quand elle n’y était pas encouragement à l’hypocrisie. Lorsqu’il s’était agi d’inaugurer le monument expiatoire élevé à Louis XVI, Charles X devait figurer dans cette cérémonie en habit violet, le violet étant la couleur de deuil pour les rois. Eh bien, le bruit courut parmi les soldats que son intention était de paraître en public, revêtu d’un costume d’évêque. Tout cela prêtait au ridicule chez un peuple qui n’est jamais plus frondeur que sous les armes. Du reste, quand on appelle à soi la protection divine, il ne faut pas la faire trop descendre. C’est insulter le suprême arbitre des choses que d’associer la majesté de son nom à des actes sans