Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/198

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Cependant, on était au 25 juillet, et rien de tout-à-fait certain n’avait encore transpiré. Tel était même le vague des prévisions, que le prince de Condé, ce jour-là, donna au duc d’Orléans une grande fête. Les heures s’écoulèrent dans la joie au château de Saint-Leu. Le soir, il y eut spectacle ; et la baronne de Feuchère parut en scène.

Pendant ce temps, un personnage qui entretenait avec la cour, depuis quelques mois, des relations assidues et secrètes, M. casimir Périer, reçut dans sa maison du bois de Boulogne une petite lettre de forme triangulaire. Il l’ouvrit avec anxiété en présence de sa famille, et laissa retomber ses bras avec désespoir. Son visage avait pris une teinte livide.

Il était exactement renseigné. Ce jour-là même, les ministres se réunissaient à Saint-Cloud pour y signer des ordonnances qui suspendaient la constitution du pays.

Le Dauphin était présent. Il s’était d’abord prononcé contre les ordonnances, mais son opinion s’était bien vite effacée devant celle du roi. Car le Dauphin tremblait sous l’œil de son père, et il poussait jusqu’à la puérilité, à l’égard du chef de la famille, ce respect, dans lequel Louis XIV voulait que les princes fussent entretenus.

Les ministres se rangèrent en silence autour de la table fatale. Charles X avait le Dauphin à sa droite et le prince de Polignac à sa gauche. Le roi interrogea l’un après l’autre ses serviteurs. M. d’Haussez, quand son tour fut venu de répondre, reproduisit ses observations de la veille. « Refusez-vous, dit Charles X ? — Sire, répondit le ministre, qu’il