Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/218

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constances une véritable importance historique. En donnant au peuple l’exemple de la désobéissance combinée avec l’amour des lois, on flattait en lui ce double besoin de sa nature : faire acte d’indépendance et se sentir gouverné.

Des assemblées tumultueuses se tenaient pendant ce temps sur divers points de Paris. Dans celle des électeurs, où se trouvait M. Thiers, on commençait à agiter la question du soulèvement des masses, et M. Féline s’écriait : « Il faut mettre tous nos ennemis hors la loi, roi et gendarmes. » Mais, préoccupé de l’idée qu’une lutte entre une multitude sans armes et des troupes réglées ne pouvait qu’amener d’affreux malheurs, M. Thiers insistait pour qu’on se bornât à la résistance légale, et, surtout, pour « qu’on ne mêlât pas le nom du roi à ces discussions brûlantes. »

Ces sentiments étaient ceux de la plupart des députés présents à Paris. Rassemblés dans le salon de M. Casimir Périer, ils y perdaient en discours des heures irréparables. Ce fut vainement que l’assemblée des électeurs leur envoya MM. Mérilhou et Boulay (de la Meurthe) pour échauffer leur zèle. Ce fut vainement que MM. Audry de Puyraveau, Mauguin, Labbey de Pompières les adjurèrent de protester, à l’exemple des journalistes, contre un coup d’état qui les désarmait. M. Sébastiani ne parlait que d’une lettre au roi ; M. Dupin soutenait, comme la veille, qu’il n’y avait plus de députés ; et, comme la veille, M. Casimir Périer conseillait à ses collègues de s’endormir dans leur défaite et d’ajourner le courage. Tout s’était agité pourtant depuis la veille autour