Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/258

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après le courrier que, de son côté, le prince de Polignac expédiait à Charles X. Aussi les recommandations du maréchal ne firent-elles aucune impression sur l’esprit du roi, qui lui fit répondre par M. de Komiérowski de rassembler les troupes autour du palais des Tuileries et d’agir avec des masses.

Mais déjà il n’était plus temps de placer dans de nouvelles dispositions stratégiques le salut de la monarchie. L’insurrection croissait de minute en minute ; tous les quartiers s’ébranlaient. Comment éteindre cet incendie allumé sur mille points divers ? La révolte avait, depuis long-temps, passé la Seine. Le passage Dauphine était une véritable place d’armes d’où sortaient à tout moment des combattants nouveaux. Il régnait là un enthousiasme qui tenait du délire. Armand Cartel, qui déplorait des combats qu’il jugeait inutiles, s’était rendu au milieu de ses amis, pour leur représenter ce qu’il y avait de nécessairement stérile dans leur héroïsme, et, monté sur une table, il était occupé à les haranguer, lorsqu’un pistolet dirigé contre sa poitrine lui montra combien le mouvement était devenu irrésistible. Des clameurs furieuses retentissaient rue de Grenelle-Saint-Germain, autour de l’hôtel du ministre de la guerre. Enrayée, Mme de Bourmont avait elle-même fait arborer le drapeau tricolore ; M. de Champagny le fit disparaître.

Cet officier supérieur ne négligeait rien depuis deux jours pour s’employer au service de sa cause ; mais on lui laissait tout ignorer et on ne le consultait pas. C’était d’un homme parfaitement étranger au ministère de la guerre que le prince de Polignac