Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais tout manquait : encre, plumes, papier ; on n’avait pas même de protocole qui put servir de modèle on eût beaucoup de peine à sortir de ces petits embarras, fils imperceptibles auxquels Dieu se plaît à suspendre le destin des familles royales ! La difficulté s’accrut quand il fallut obtenir la signature de Charles X. Pour parvenir jusqu’à son appartement, il y avait plusieurs lignes de gardes-du-corps à traverser. Le duc de Mortemart mit tout en œuvre pour faire fléchir l’étiquette dans ce moment solennel. Ce fut en vain. Les gardes-du-corps se croyaient enchaînés d’autant plus étroitement à leur consigne, que la royauté était en péril. Impatienté, irrité, le duc de Mortemart se fit conduire chez le valet de chambre de service, et, d’un ton extrêmement animé : « Monsieur, je vous rends responsable de tout ce qui peut arriver. » Enfin, il fut introduit dans l’appartement de Charles X. Le vieux roi était au lit : il se souleva languissamment : « Ah c’est vous, Monsieur le duc, dit-il d’un air abattu ? » M. de Mortemart lui fit observer qu’il fallait se hâter ; que les ordonnances voulaient être signées à l’instant même, et que, pour lui, il était prêt à partir. « Attendons encore, répondit Charles X. — Mais, sire, le comte d’Argout est là. Il vous dira quelle est à Paris la situation des choses. — Je ne veux point voir M. d’Argout. dit Charles X, qui ne l’aimait pas. — Eh bien, sire, le baron de Vitrolles est avec lui. Voulez-vous qu’on l’introduise ? — Le baron de Vitrolles ? Oui, qu’il entre. » On appela M. de Vitrolles. Il sortait de l’appartement de M. de Poli-