Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/342

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Quoi qu’il en soit, entre les républicains et les Orléanistes, la victoire ne pouvait demeurer long-temps douteuse. Ceux-ci avaient l’immense avantage d’un gouvernement tout prêt. M. Laffitte put donc s’emparer impunément de toutes les prérogatives de la souveraineté, et ce fut lui qui envoya Carrel à Rouen pour y diriger la révolution. Ce fut aussi chez lui que les députés, se réunirent dans la matinée du 30. Dans cette réunion, présidée momentanément par M. Bérard, en l’absence de M. Laffitte, qu’une foulure au pied avait forcé de s’absenter, on apporta la proclamation suivante, qui grâce au zèle des Orléanistes, couvrait déjà tous les murs de Paris :

« Charles X ne peut plus rentrer dans Paris : il a fait couler le sang du peuple.

« La république nous exposerait à d’affreuses divisions : elle nous brouillerait avec l’Europe.

« Le duc d’Orléans est un prince dévoué à la cause de la révolution.

« Le duc d’Orléans ne s’est jamais battu contre-nous.

« Le duc d’Orléans était à Jemmapes.

« Le duc d’Orléans est un roi citoyen.

« Le duc d’Orléans a porté au feu les couleurs tricolores ; le duc d’Orléans peut seul les porter encore. Nous n’en voulons point d’autres.

« Le duc d’Orléans ne se prononce pas. Il attend notre vœu. Proclamons ce vœu, et il acceptera la charte comme nous l’ayons toujours entendue et voulue. C’est du peuple français qu’il tiendra sa couronne. »