Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/412

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les bras de son gouverneur. Charles X, fatigué, laissait tomber sa tête sur sa poitrine et pleurait. Suffisamment préparé — il le prouva plus tard — pour une ruine complète, il ployait sous les commencements de son malheur.

Le lendemain les troupes arrivèrent de Trappes. A l’entrée de la forêt de Rambouillet est un petit village nommé le Péray : plusieurs régiments s’y arrêtèrent, d’autres gagnèrent la ville. Le 2e d’infanterie de la garde, campé à droite et à gauche de la route, forma l’arrière-garde avec le 3e et la gendarmerie. Là quelques précautions furent prises : on se couvrit de postes avancés. Mais un découragement sans remède avait atteint déjà une partie des troupes. La route était à chaque instant sillonnée par des malles-postes et des diligences surmontées du drapeau tricolore ; des insurgés passaient à cheval, sous les yeux du soldat, sans que l’ordre de les arrêter fut donné ; l’armée enfin, privée de chef, ignorant l’état des choses, incertaine sur ce qu’elle devait faire comme sur ce qu’il lui était permis de désirer ou de craindre, ne ressemblait plus qu’à une troupe de fugitifs. Un moment vint où toute l’arrière-garde s’ébranla, et parut disposée à reprendre le chemin de Versailles. Averti de ce mouvement, le général de La Rochejacquelein, accourt ; il fait battre le tambour, il fait prendre les armes, et, s’adressant aux troupes avec une émotion éloquente, il invoque leur honneur, les ramène au souvenir de leur serment et au respect de leur drapeau. Vive le roi ! crièrent alors les soldats, et cette impulsion donnée à la fidélité militaire fut si vive,