Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/425

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réserve. Il était à craindre, d’ailleurs, que la duchesse de Berri ne se résolut à venir confier son fils à la générosité du peuple parisien. On n’ignorait pas, au Palais-Royal, que le conseil en avait été donné à la princesse par la duchesse de Gontaut. Il fallait à tout prix conjurer une semblable démarche et trouver moyen de forcer Charles X à s’éloigner. Il fut donc convenu que, sous prétexte de le protéger contre les éclats de la colère publique, on lui enverrait des commissaires chargés de hâter son départ et de l’accompagner en lui faisant honneur. Le choix du prince tomba sur MM. de Trévise, Jacqueminot, de Schonen, Odilon Barrot. Mais, comme il était douteux que ces messieurs trouvassent accès auprès de Charles X, on leur adjoignit, sur l’avis de M. Sébastiani, le duc de Coigny, qui devait leur servir d’introducteur, et donner à leur mission un certain caractère de protection respectueuse. Le duc de Trévise allégua, pour refuser, un motif futile ; et, par un singulier retour de la fortune, l’homme qu’on lui donna pour successeur fut le maréchal Maison, le même qui, en 1814, était allé recevoir le frère aîné de ce monarque qu’on chassait maintenant, presque sous les yeux d’un prince de la famille !

Les commissaires choisis pour cette mission se rendirent au Palais-Royal. Le duc d’Orléans leur dit que c’était Charles X lui-même qui réclamait une sauve-garde, et tout en leur donnant leurs instructions, il témoigna pour la branche aînée des sentiments pleins de bienveillance. M. de Schonen lui ayant demandé ce qu’ils auraient à faire si on