Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/65

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qu’à des banquiers français… Au-dessus de la masse de la bourgeoisie pliant sous le faix, la haute bourgeoisie puisait dans la honte publique un surcroît de force et d’opulence. Sous ce rapport, il est clair que l’invasion fut, en quelque sorte, un procédé nouveau mis à la disposition desplus riches pour dépouiller les plus pauvres. Au fond, les étrangers, lorsque plus tard ils repassèrent nos frontières, n’emportèrent peut-être pas une grande quantité d’argent ; mais la quantité qu’ils en déplacèrent fut énorme. Poussés par le sort des batailles entre les gros capitalistes et les petits industriels, entre les banquiers et les artisans, entre les spéculateurs audacieux et les travailleurs, ils donnèrent aux premiers par l’emprunt, ce qu’ils arrachaient violemment aux seconds par l’impôt.

Ainsi, la bourgeoisie n’était pas encore installée aux affaires, que déjà le principe de mort caché dans son sein était indiqué au philosophe attentif par le premier résultat matériel de l’invasion.

Qu’on médite sur les lignes que je viens de tracer, elles contiennent en germe toute l’histoire sociale de la bourgeoisie : la banque asservissant l’industrie et le commerce ; le crédit individuel profitant aux forts, nuisant aux faibles ; en un mot, le régime de la concurrence ayant pour inévitable effet de renverser les petites fortunes, de miner les fortunes moyennes ; le tout pour aboutir à une véritable féodalité financière, ou, si l’on veut, à une oligarchie