Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/91

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parti pour le congrès d’Aix-la-Chapelle, en rapporta de vives appréhensions sur l’avenir réservé à la monarchie : il fut question de changer le régime électoral. Malheureusement ce n’était pas dans la loi du 5 février qu’était le danger dont on s’était si fort préoccupé au congrès d’Aix-la-Chapelle. Pour consolider le trône, en l’élevant au-dessus de tous les orages, il aurait fallu détruire en France, si cela eût été possible, non pas telle ou telle combinaison électorale, mais le pouvoir électif lui-même. Car en quelques mains qu’on voulut placer ce formidable levier, il était impossible que la royauté résistât long-temps à son action. Déplacer la puissance élective, c’était donner au principe monarchique d’autres ennemis, ce n’était pas le sauver.

Voilà ce que n’avaient compris ni les souverains, ni M. de Richelieu, leur représentant et leur organe dans le conseil des ministres. Au surplus, les tentatives faites par M. de Richelieu, pour renverser la loi du 5 février, furent inutiles, et n’eurent, comme on sait, d’autre résultat que de précipiter sa chute. M. Decazes, son collègue et son rival, M. Decazes, dont il avait demandé l’exil, resta au pouvoir en y appelant le général Dessole. Maintenir la loi d’élection était le but du nouveau ministère, ce qui revenait à ceci la monarchie choisissait des ministres dont le programme était la destruction de la monarchie.

Sans doute une telle pensée n’était venue à l’esprit de personne. La bourgeoisie elle-même, dans sa