Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/93

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monarchique. Vous imitez les assemblées de la Révolution. » Mais il est puéril de demander à un pouvoir de se limiter. La chambre passa outre, et, dans cette carrière, elle ne devait plus s’arrêter.

Pour la gagner, que ne fit-on pas ? Le roi rappelait les proscrits. Le ministre de la guerre, M. de Gouvion Saint-Cyr, ouvrait les cadres de l’armée à de vieux officiers. Le ministre de la justice, M. de Serres, écrivait à tous les procureurs-généraux pour leur recommander en termes pressants le respect de la liberté individuelle. Le ministre de l’intérieur, M. Decazes, décrétait que l’industrie serait invitée à exposer périodiquement ses merveilles, inaugurant de la sorte les fêtes du travail là où n’existaient déjà plus les pompes de la monarchie. Que dire encore ? Dans un projet de loi sur la responsabilité ministérielle, les représentants de la couronne rendaient hommage à l’omnipotence politique de la bourgeoisie, tandis que dans un projet de loi qui abolissait la censure préalable et soumettait les journaux au jury ils reconnaissaient son omnipotence judiciaire. C’était aller, on le voit, au-devant de toutes les exigences. Mais quand deux pouvoirs rivaux sont en, présence, c’est trop peu que le plus faible cède : son destin est de succomber. La bourgeoisie demandait toujours plus qu’on ne lui donnait. Le projet de loi sur la responsabilité ministérielle fut trouvé trop vague et incomplet. Celui qui réglait la liberté de la presse fut attaqué avec violence, parce qu’il créait