Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/304

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la République ! poussés avec force devant l’hôtel des affaires étrangères, il fut aisé de prévoir ce qui se préparait. Le cortège avait repris sa marche le long du boulevard, dont une multitude innombrable couvrait les allées latérales, et il s’avançait à pas lents, dans une attitude sombre et formidable, lorsqu’au cercle de la rue de Grammont, le duc de Fitz-James parut, affectant une contenance altière, et le chapeau sur la tête. À cette vue, on s’indigne, on s’emporte des sommations violentes partent du milieu de la foule émue et le duc de Fitz-James est forcé à une prompte retraite par les pierres qui, lancées de toutes parts, font voler en éclat les vitres de l’hôtel. Dès lors, l’agitation ne fit plus qu’aller croissant : née de l’ensemble des circonstances, mille accidents servirent à l’alimenter. Ici, un agent de police tombait frappé au visage ; là, sur l’observation d’une femme, on renversait dans la boue l’image du coq gaulois, surmontant un étendard populaire, et à cet emblème, foulé aux pieds, l’on substituait une branche de saule. Les moins fougueux s’irritaient de la présence des sergents de ville, placés de distance en distance sur les flancs du convoi. Un de ces malheureux, blessé grièvement, fut obligé de chercher asile dans les rangs des artilleurs : ils lui sauvèrent la vie ; un autre fut sur le point d’être immolé à la porte Saint-Denis, par un officier des Invalides, qui avait mis l’épée à la main. Ainsi tout concourait à rendre inévitables les malheurs prévus. Ces honneurs funèbres où la douleur avait moins de part que l’espérance et la haine, cette population immense, entassée sur les balcons, se pressant aux fenêtres, montée