Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/330

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d’orgueil. Le mot république ayant retenti au milieu de ces débats, et plusieurs ayant demandé qu’à la critique des actes du gouvernement on associât une franche réprobation de ces principes terribles qui avaient 93 pour date, et pour symbole le drapeau rouge, M. de Lafayette prit la parole. Il ne descendit pas à repousser des rapprochements aussi frivoles qu’injustes, et il se déclara, sans détour, républicain. Ces mots qu’une malveillance habile s’était plu à lui attribuer : « Le duc d’Orléans est la meilleure des républiques, » il affirma que jamais sa bouche ne les avait prononcés. Et, rappelant, avec une noble désapprobation de lui-même, les journées de juillet, éternel enseignement des peuples, sa confiance trompée, ses illusions misérablement détruites, son aveuglement châtié, il rejeta tout ce qui, dans une monarchie, pouvait ressembler à l’espérance. Mais ce vieillard courageux et sincère parlait à des hommes que la monarchie retenait à son service par d’invincibles séductions. Les députés nommèrent trois commissaires : M. François Arago, le maréchal Clauzel, M. Laffitte. Le maréchal ayant refusé, M. Odilon-Barrot prit sa place dans la commission. Sur ces entrefaites, on avait apporté la nouvelle de l’insurrection vaincue, et les députés se séparèrent, jugeant leur rôle fini.

En sortant, M. Arago rencontra dans la cour M. Savary et M. Alexandre Dumas, un savant et un poète. Très-animés l’un et l’autre, ils n’eurent pas plutôt appris ce qui venait d’avoir lieu chez M. Laffitte, qu’ils éclatèrent en discours pleins d’emportement et d’amertume, disant que Paris, pour se sou-