Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/366

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simoniens n’avaient cessé de déclarer la guerre impie et de protester contre l’esprit de révolte. S’ils avaient décrit les maux du peuple, ce n’avait été que pour en indiquer le remède ; et, dans le temps même où le gouvernement ne savait qu’envoyer contre l’insurrection lyonnaise, des canons et des soldats, ils avaient demandé, eux, à l’étude et à la science la guérison des plaies sociales, que révélaient ces troubles mortels. Restait le reproche d’immoralité. Or, qu’y avait-il d’immoral à demander que les relations entre époux fussent soumises à un règlement nouveau qui leur ôtat ce caractère d exclusion, et conséquemment de violence ou de ruse que leur imprimait la loi chrétienne ? Aurait-on aboli le mariage, quand l’homme et la femme le plus capables de diriger l’humanité, quand le prêtre et la prêtresse auraient été investis du droit de consacrer par leur sanction les peines et les plaisirs de l’hymen ? Que voyait-on de monstrueux à ce que, dans un sacerdoce obéi volontairement, l’empire de la beauté se trouvât associé au pouvoir de l’intelligence ? Cet empire de la beauté, après tout, il était absolu, irrésistible ; et ceux-là le subissaient en secret qui affectaient en public de nier sa légitimité. Car enfin, même sous l’influence de la loi chrétienne, la société s’était bien donné de garde de proscrire les joies de la chair ; le peuple, on le savait de reste, allait plus volontiers au bal qu’au sermon ; et les députés, personnages graves, venaient de voter moins de huit cent mille francs aux évêques et près d’un million à l’Opéra. Mais quoi ! cet Opéra n’était-il pas un temple élevé au culte de la beauté ? Au milieu