Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/141

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tage pour jeter aux pieds des Russes la Turquie épuisée et mourante ?

Voilà sous quel aspect l’Orient se présentait, quand la révolution de juillet vint tout-à-coup remettre en question le partage insolent qu’avaient fait de l’Europe les traités de 1815.

Pour bien faire comprendre jusqu’à quel point fut inepte et insensée la politique du gouvernement français à l’égard de l’Orient, il est absolument nécessaire de bien poser la question et d’examiner, avant d’entrer dans le récit de ce qui a été fait, ce que la France aurait pu faire.

« Maintien de l’intégrité de l’empire ottoman » étaient des mots en usage depuis long-temps dans la grammaire des chancelleries de l’Europe.

Toutes les Puissances, en effet, et notamment la France, l’Angleterre et l’Autriche, avaient intérêt à protéger l’inviolabilité de Constantinople, à lui conserver, vis-à-vis des Russes, son surnom de Stamboul la bien gardée.

La possession du détroit des Dardanelles par la Russie, à moins de compensations énormes stipulées en notre faveur, eût à jamais mis obstacle aux vues de la France sur la Méditerranée, champ de bataille où doit tôt ou tard se vider la grande querelle de notre suprématie intellectuelle et morale.

La position géographique de l’Autriche lui commandait de ne point se laisser trop complétement envelopper par la Russie. C’était déjà un grave danger pour le cabinet autrichien que l’établissement russe, fondé aux embouchures du Danube,