Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/191

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peut sans courir risque d’être jetée à la mer ; mais, du côté des Pyrénées, ses agressions sont bien plus sûres pour elle, bien plus dangereuses pour nous. Au point de vue national, il importait donc d’empêcher, en prenant parti pour don Carlos, qu’une femme n’appelât un beau jour sur le trône d’Espagne un prince étranger, et ne nous privât ainsi d’une alliance indispensable.

D’un autre côté, l’on avait à répondre : d’abord, que cette éventualité d’un mariage pouvait tourner en notre faveur aussi et plus aisément qu’en faveur d’une Puissance étrangère ; ensuite, que soutenir en Espagne les droits de la branche masculine, c’était couronner, dans don Carlos, le plus cruel ennemi de la maison d’Orléans et de sa royauté de fraîche date.

La première considération touchait faiblement Louis-Philippe : il avait trop peur du Continent pour nourrir l’espoir de marier un de ses fils à la jeune Isabelle ; mais l’idée que le triomphe de don Carlos était un acheminement au retour du duc de Bordeaux, avait suffi pour le décider.sa politique étant tout entière dans sa passion dynastique. L’opinion du roi fut celle de ses ministres. La reconnaissance de la reine d Espagne obtint leur adhésion unanime, bien qu’un partisan de don Miguel, M. Zéa, eut été conservé au ministère par Christine. Et M. Mignet reçut mission d’aller porter à Madrid cette importante nouvelle.

M. Thiers commençait à exercer dans le Conseil, même pour les questions qui ne concernaient pas son département, l’influence à laquelle l’appelaient