Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/249

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rédigée avec beaucoup de talent par M. Petetin, mais dans des idées de décentralisation et dépourvues de hardiesse, on avait vu s’établir la Glaneuse, journal audacieux, dont l’existence financière pesait sur M. Albert, qui mettait à la disposition du parti ses relations et sa fortune.

Au mois d’avril 1833, deux procès intentés à la fois à la Glaneuse devinrent l’occasion d’une revue solennelle des forces de la démocratie. Un avocat du barreau de Paris, M. Dupont, est appelé à Lyon pour y prêter à la feuille attaquée l’appui de sa parole puissante. M. Garnier-Pagès, auquel les républicains lyonnais avaient déjà donné, l’année précédente, un banquet de 2,000 couverts, M. Garnier-Pagès va se mettre en route. M. Philippon, gérant d’un journal satyrique fort célèbre, M.Saint-Romme, avocat renommé dans le département de l’Isère, M. Trélat, représentant des républicains de l’Auvergne, accourent au rendez-vous. Quinze députations sont envoyées par les départements voisins. On s’occupe activement des préparatifs d’un banquet pour lequel on a compté sur deux mille souscripteurs : il s’en présente six mille. Le banquet est fixé au 5 mai (1833), et l’on ne néglige rien de ce qui doit donner à cette manifestation un caractère imposant.

Le pouvoir s’alarma. Les hommes qui, sous la Restauration, avaient décerné à Lafayette, au nom du libéralisme persécuté, une ovation toute révolutionnaire, ces mêmes hommes jurèrent que le banquet projeté n’aurait pas lieu, dût la guerre civile reprendre l’œuvre de destruction commencée en