Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/351

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de ses collègues, le triple tort d’avoir fait cause commune contre eux avec le roi, de s’être beaucoup agité pour la formation du ministère des trois jours, et d’y avoir accepté lui-même une place. La vengeance était facile on y renonça ; et l’amiral Duperré, ayant été appelé au département de la marine, le ministère se trouva reconstitué. Celui du 10 novembre n’avait fait en quelque sorte que traverser la chambre du Conseil. Il devait rester dans l’histoire sous le nom de ministère des trois jours.

Mais ce n’était pas assez pour MM. Thiers et Guizot d’avoir vaincu le roi, il leur plut de faire consacrer solennellement par la Chambre leur victoire. Interpellés sur les causes de la dernière crise, ils échappèrent par le vague de leur rhétorique au danger de mettre en discussion la majesté royale ; mais en dépit des efforts du tiers-parti, en dépit d’un discours où M. Sauzet les accusa hautement d’insulter a la couronne en soumettant les choix du roi au contrôle et à l’approbation du parlement, ils obtinrent de la majorité un ordre du jour pleinement approbatif. De sorte que, par eux, la Chambre mettait en quelque sorte le pied sur la plus précieuse des prérogatives royales !

Ainsi se révélaient, après quatre ans de règne, les mille impossibilités du régime constitutionnel. Efforts de la royauté pour asservir les ministres en les divisant, coalition des ministres pour mettre obstacle au gouvernement personnel, ligue de tous les ambitieux subalternes du parlement en vue de quelques portefeuilles à conquérir, lutte obstinée de la Couronne contre la Chambre et de la Chambre