Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/360

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pas encore atteint sa vingtième année, furent un jours transférés de la prison de Sainte-Pélagie à celle de la Force, pour avoir violé la défense qui leur interdisait le chant dans la cour du bâtiment neuf. Or, comme leurs camarades le firent remarquer dans une lettre rendue publique, jeter ces enfants dans la prison de la Force, c’était les pousser dans une école de crime et de prostitution ; c’était leur donner pour compagnons de chambrée des assassins, des voleurs, des êtres immondes ; c’était les exposer à des propositions infâmes, presque toujours appuyées par la violence.

Un second ordre de transfèrement donné vers la fin du mois de septembre provoqua des scènes révoltantes. Quelques prisonniers ayant été réintégrés de la Force à Sainte-Pélagie, leur retour avait excité dans cette dernière prison une joie mêlée de turbulence. On s’était promené bras dessus bras dessous en chantant la Marseillaise ; le soir venu, on avait allumé dans chaque cour des poignées de paille et on s’était mis à danser autour des feux enfin, l’agitation continuant le lendemain, on avait forcé les deux guichets qui, de la cour du milieu, conduisent dans celle de la dette et dans celle du bâtiment neuf. Un tel désordre pouvait être réprimé ; mais, outre qu’il ne s’y mêlait aucune idée de révolte, l’autorité semblait s’y être associée elle-même en accordant, la veille, aux prisonniers le droit de rester libres jusqu’à dix heures du soir, et en décidant, sur leur demande, que, pendant la nuit, les portes des corridors resteraient fermées. Quel fut donc l’étonnement des détenus lorsque