Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/382

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C’était, on s’en souvient, le rejet du traité des 25 millions qui avait fait sortir du Cabinet le duc de Broglie. Sa rentrée aux affaires tendait naturellement à remettre la question sur le tapis. Mais des circonstances funestes étaient venues compliquer singulièrement cette question, si délicate par elle-même et si épineuse. Aussi bien il s’y associait, disait-on, d’ignobles manœuvres d’agiotage, et mille bruits en couraient dans le public.

Aussitôt après le rejet, le roi s’était hâté de faire savoir à M. Livingston, ministre des États-Unis à Paris, que l’Amérique ne devait pas considérer comme définitif le vote de la Chambre des députés ; que le traité serait présenté de nouveau, et que son acceptation ultérieure ne pouvait être mise en doute ; que la bourgeoisie ne consentirait jamais, pour le vain plaisir de persister dans son refus, à courir les chances d’une guerre fatale au commerce ; que, quant à lui, roi des Français, il prenait, et en qualité de roi, et en qualité d’homme, l’engagement formel de mettre tout en œuvre pour obtenir la prompte exécution du traité. Un pareil langage était, pour M. Livingston une indication très-claire de la marche qu’il avait à suivre. Fort de l’assentiment personnel du roi, et convaincu, d’après ce qu’il entendait, que, pour avoir raison de la Chambre, il suffisait de l’effrayer, il en écrivit à son gouvernement et lui conseilla le langage de la menace.

Ainsi prévenu de l’attitude qu’il convenait de prendre, le président des États-Unis n’avait pas manqué de se livrer à des emportements injurieux pour la France, et il avait adressé au congrès, le 1er