Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/409

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qui justifiaient la décision, M. Jules Favre s’empressa de la combattre, déclarant qu’au surplus elle n’avait rien d’obligatoire, et que, pour son compte, il s’offrait à ceux qui jugeraient à propos de se défendre. Il en résulta une scène d’une violence extraordinaire. M. Michel (de Bourges) s’y montra au dernier point passionné, agressif ; et l’intervention de M. Baune fut nécessaire pour mettre fin à cette querelle, bien concevable dans un moment où chacun vivait d’une vie brûlante et sans repos.

Le 5 mai était arrivé. L’arène allait s’ouvrir. Réunis chez M. Auguste Blanqui, les défenseurs y attendaient avec anxiété le commencement d’une lutte dont nul ne pouvait prévoir l’issue. Tout-à-coup M. Jules Favre se présente. Accueilli par une rumeur de mécontentement et de colère, il obtient pourtant la parole. Mais à peine a-t-il annoncé sa résolution de paraître comme avocat devant la Cour des pairs et d’y plaider la cause de ses clients, qu’un effroyable tumulte s’élève. Des cris accusateurs partent de tous les points de la salle. M. Michel (de Bourges) s’élance vers l’orateur lyonnais qu’il interpelle d’une voix tonnante. Ne voulant pas céder, il fallait que M. Jules Favre sortît de l’assemblée : il se retire, en effet, laissant après lui une longue agitation.

Cependant, les abords du palais du Luxembourg se trouvaient encombrés, dès le matin, par la multitude. La permission d’assister aux débats avait été inhumainement refusée aux parents des accusés ; et pâles, indignés, on les voyait se presser aux portes. Dans le jardin du Luxembourg, les baïon-