Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/46

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parti, disait une dépêche ministérielle qu’on eut soin de lui communiquer le 18 avril, la sacrifiait indignement ; les légitimistes désiraient sa mort pour s’en faire contre le pouvoir un moyen de calomnie ; vivante, elle n’était plus pour eux qu’un embarras ; des lettres venues de Prague annonçaient que tout le monde y était déchaîné contre elle et qu’au rang de ses ennemis les plus implacables figuraient M. de Blacas et l’abbé de Latil.

Ces confidences, pleines d’artifice, avaient un but manifeste. En montrant à la duchesse de Berri que ses partisans l’abandonnaient, que sa famille même s’armait contre elle, on espérait l’amener par le désespoir à permettre que sa grossesse fût constatée ; que risquait-elle à mécontenter un parti dont on exagérait si habilement à ses yeux l’ingratitude ? Mais on ne put vaincre sa répugnance. MM. Orfila et Auvity lui avaient été envoyés pour la seconde fois avec MM. Andral fils et Fouquier : elle ne voulut pas les recevoir. M. Dubois, qui habitait Blaye depuis six semaines dans l’espoir de se faire admettre, M. Dubois lui écrivit en vain une lettre presque suppliante. Malheur à lui s’il ose paraître devant moi, s’écria-t-elle d’un air qui respirait la menace ! Car elle éprouvait pour M. Dubois une sorte d’horreur qu’elle ne prenait aucun soin de dissimuler.

Pour dompter l’obstination de la prisonnière, le gouvernement n’avait rien négligé : M. Auvity était allé jusqu’à presser M. de Mesnard d’employer son crédit auprès d’elle pour la faire consentir à une constatation, dont sa mise en liberté serait