Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/63

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roi de Naples, envoya donc à Marie-Caroline, pour la complimenter et s’entendre avec elle sur l’instant du débarquement, le duc de San Martino, ministre de l’intérieur. Le comte Luchesi Palli se présenta ensuite. Il fut admis dans la chambre de Marie-Caroline, où il resta près d’une heure. Puis, ils montèrent l’un et l’autre sur le pont et s’y promenèrent, objets d’une curiosité que le respect tempérait à peine. Avant de débarquer, la princesse reçut en audience de cérémonie le commandant Turpin et son état-major ; elle remercia le commandant avec beaucoup d’effusion de la conduite à la fois courtoise et loyale qu’il avait tenue, et elle ne voulut pas quitter la corvette sans avoir donné à l’équipage une gratification de vingt jours de solde, munificence qui, sous un prince économe, donna lieu, de la part des marins, à des rapprochements joyeux et caustiques.

Quant au général Bugeaud, Marie-Caroline avait su, par une vengeance bien permise, lui faire peur des dangers qui l’attendaient sur le rivage. Aussi n’osa-t-il pas mettre pied à terre, et il s’embarqua sur le brick l’Actéon, que le gouvernement avait envoyé à Palerme, sous le commandement du capitaine Nonay, avec mission d’attendre l’arrivée de l’Agate, et de rapporter en France la nouvelle du débarquement.

Marie-Caroline était libre enfin, mais elle ne touchait pas encore au terme de ses maux. Sa déclaration du mois de mai avait fait perdre contenance au parti légitimiste et mis en lumière les éléments de discorde qu’il recelait. Les uns crurent ou fei-