Page:Blanc - L’Organisation du travail.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
DU TRAVAIL.

les parties du monde ! Mais notons que ce nouveau genre de diplomatie sera impraticable aussi longtemps que durera l’anarchie industrielle qui nous dévore. Il n’y a que trop paru dans les enquêtes ouvertes depuis quelques années. À quel désolant spectacle n’avons-nous pas assisté ? Ces enquêtes ne nous ont-elles pas montré les colons s’armant contre les fabricants de sucre de betterave, les mécaniciens contre les maîtres de forges, les ports contre les fabriques intérieures, Bordeaux contre Paris, le Midi contre le Nord, tous ceux qui produisent contre tous ceux qui consomment ? Au sein de ce monstrueux désordre, que peut faire un gouvernement ? Ce que les uns réclament avec instance, les autres le repoussent avec fureur : ce qui rendrait la vie à ceux-ci donne la mort à ceux-là.

Il est clair que cette absence de la solidarité entre les intérêts rend, de la part de l’État, toute prévoyance impossible, et l’enchaîne dans tous ses rapports avec les puissances étrangères. Des soldats au-dehors, des gendarmes au-dedans, l’État aujourd’hui ne saurait avoir d’autre moyen d’action, et toute son utilité se réduit nécessairement à empêcher la destruction d’un côté en détruisant de l’autre. Que l’État se mette résolument à la tête de l’industrie ; qu’il fasse converger tous les efforts ; qu’il rallie autour d’un même principe tous les intérêts aujourd’hui en