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ORGANISATION

ture abondante et saine, un logement clos et chauffé en hiver, se donner les agréments de la propreté, et, le dimanche, à sa compagne, celui d’une élégance élémentaire, alors une conquête immense sera accomplie. J’accorde à M. Louis Blanc que nous soyons loin du but, mais il m’accordera, de son côté, que nous nous en sommes rapprochés à un degré remarquable depuis cinquante ans. Mais comment et par quel chemin y marchons-nous ?

« En 1789 nos pères ont voulu attirer sur la France ces biens et beaucoup d’autres de l’ordre intellectuel et de l’ordre moral. Ils se tâtèrent, s’interrogèrent et consultèrent l’expérience des siècles passés, demandèrent des avis aux sages des sociétés anciennes, s’inspirèrent de l’Évangile, même en le foulant aux pieds. Enfin, après un long examen de conscience, et après avoir longtemps regardé autour d’eux pour atteindre cet avenir heureux qu’ils souhaitaient à l’espèce humaine, et qu’un divin pressentiment, leur disait possible, certain, et que cependant ils espéraient pour la postérité plus que pour eux-mêmes, pour arriver à l’égalité, telle qu’ils l’entendaient, et qui, dans leur esprit, impliquait tous ces avantages, ils prirent la route de la liberté.

« Or liberté, en industrie, signifie concurrence.

« Condamner absolument, systématiquement la concurrence, c’est donc réprouver les principes de 1789, c’est s’inscrire en faux contre la civilisation qui les a adoptés ; c’est vouloir que notre patrie, se frappant la poitrine, demande pardon au genre humain de l’avoir induit en erreur, et se