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DU TRAVAIL.

notre système reçoit, bien qu’en un cercle restreint, les applications les plus heureuses et les plus significatives.

M. Michel Chevalier vante la concurrence comme stimulant ; mais de quelle nature est-il, ce stimulant ? De quelle manière lui est-il donné d’influer sur l’activité humaine ? La faim est un stimulant énergique : elle arme quelquefois les voleurs de grand chemin. La vengeance est un stimulant énergique : elle sollicite quelquefois au meurtre l’homme offensé. La cupidité est un stimulant énergique : elle enfante l’agiotage et ses scandales. Élèverons-nous des autels à la cupidité, à la vengeance et à la faim ?

Pour ce qui est du bon marché, créé, dit-on, par la concurrence, que représente-t-il ? Des économies faites sur la main-d’œuvre ou résultant de l’emploi d’une machine nouvelle. Le bon marché ne donne donc aux consommateurs aisés que ce qu’il a enlevé aux producteurs pauvres. Le bon marché correspond toujours, sous l’empire de la concurrence, qui en fait un moyen de lutte, ou à une diminution générale des salaires ou à l’exercice meurtrier d’un monopole. De sorte que ce qui est un progrès pour les uns, devient, pour les autres, un surcroît de misère. Et le bonheur des heureux ne se compose, hélas ! à leur insu, que des douleurs croissantes du pauvre !

La concurrence, il est vrai, ne tourne pas toujours contre l’ouvrier. Quand il arrive que les produits sont demandés avec empressement là où les travailleurs sont rares, les rôles se trouvent inter-