Page:Blanc - L’Organisation du travail.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
ORGANISATION

bien réfléchi aux causes qui font naître aujourd’hui entre les capitalistes et les travailleurs cette opposition flagrante qu’il redoute, même dans l’application de notre système ? Appelés à fournir dans l’œuvre de la production, ceux-ci les instruments de travail, ceux-là le travail, les capitalistes et les travailleurs entrent en lutte aujourd’hui : pourquoi ? parce que rien ne régularise leurs rapports, parce que c’est l’arbitraire qui y préside, parce que le capitaliste spécule sur le besoin que le travailleur éprouve de se procurer des instruments, tandis que de son côté le travailleur cherche à tirer parti du besoin qu’éprouve le capitaliste de faire fructifier son capital. Notre système place les membres de l’atelier social et les capitalistes dans des conditions toutes différentes les uns à l’égard des autres. L’atelier social, qu’on ne l’oublie point, possède un capital que l’État lui a fourni, qui est collectif, qui est destiné à s’accroître indéfiniment, qui appartient en propre à l’association. Les travailleurs ici peuvent par conséquent se suffire à eux-mêmes, le taux de l’intérêt une fois fixé, — et rien n’empêcherait qu’on ne le fixât législativement à des époques déterminées, — les capitalistes qui offrent leurs services à l’atelier social, aux conditions fixées d’avance, sont admis ; ceux, au contraire, que ces conditions ne satisfont pas, gardent leur argent, dont l’atelier peut se passer. Notre système crée