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ORGANISATION

à la prospérité de l’œuvre commune, les choses ne vont-elles pas changer de face ? Et que sera-ce donc si au lieu de donner leur suffrage par instinct plutôt que par science, et souvent au gré des passions les plus aveugles, les électeurs peuvent choisir en parfaite connaissance de cause, dans une sphère où s’écoule leur vie tout entière, en un mot sous l’influence de leur intérêt bien compris.

Pour faire un bon choix, deux conditions sont nécessaires : l’intérêt et la capacité. Eh bien ! les membres de l’atelier social réunissent évidemment ces deux conditions. Ils ont intérêt à bien choisir, puisque de leurs choix dépend le succès de l’association dont ils se partagent entre eux les bénéfices ; ils ont la capacité de bien choisir, puisque, se voyant les uns les autres à toute heure du jour, et travaillant ensemble, rien ne leur manque de ce qui constitue les éléments d’une saine appréciation. Un ouvrier est-il en état d’apprécier son contre-maître ? Un ouvrier qui doit recueillir pour sa part les fruits de l’habileté de son chef se donnera-t-il de gaîté de cœur un chef inhabile ? Voilà toute la question.

« M. Louis Blanc admet que l’État, fondant les ateliers sociaux, réglera la première année les fonctions et les bénéfices. Si une fois il le fait, et le fait bien, pourquoi le dénantir de ce privilège[1] ? »

  1. Revue de l’Aveyron et du Lot, no du 8 mars 1841.