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ORGANISATION

quer le mal sans sa source, ce qu’il n’a point fait. — Ce reproche me semble injuste.

« La concurrence, dans son sens vrai (cum currere, courir ensemble), est la prétention simultanée de divers individus au même produit, prétention qui entraîne la lutte. Cette prétention est un fait primitif, découlant de la nature humaine ; elle n’est pas le produit de l’isolement familial, ni du morcellement industriel. La concurrence est entre hommes ce qu’est le morcellement entre instruments de travail. Ce sont des faits coexistants, solidaires, s’engendrant mutuellement. Il est bien vrai que l’association substituée à l’isolement familial accroîtrait la production, mais la concurrence ni la lutte ne seraient point abolies par cela même, sans le concours de beaucoup d’autres conditions. C’est tellement vrai, que, dans l’industrie comme dans l’agriculture, comme dans le commerce, le travail, loin de s’effectuer par ménages et familles isolés, s’exécute en réalité très-souvent par de nombreuses réunions d’hommes, appartenant à diverses familles, rapprochés sous certaines conditions. On peut même soutenir en toute vérité que la production en familles isolées (mode morcelé) n’existe réellement nulle part et se conçoit à peine. Puisque le capital, le travail et le talent sont les trois éléments de la production, il faudrait supposer une famille qui se suffît à elle-même et n’empruntât jamais les bras d’autrui, ni les instruments, ou les denrées, ou les avances d’autrui, en un mot une famille complètement isolée de toute relation humaine, ce qui est tout au