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ORGANISATION

berté, de la liberté vraie, c’est au nom du respect que la société doit à chacun de ses membres, que nous protestons, nous, contre l’ordre social actuel, et contre les mille tyrannies qu’engendre la concurrence.

Car, qu’est-ce que l’esclave ?

Allons au fond des choses, et ne jouons pas sur les mots, comme feraient des sophistes ou des rhéteurs.

L’esclave, c’est celui qui est en peine de son vêtement, de sa nourriture et de son gîte ; c’est celui qui dort sur les marches d’un palais inhabité.

L’esclave, c’est le pauvre qu’on punit pour avoir tendu la main à la pitié du riche ; c’est l’homme sans asile qu’on arrête pour s’être appuyé sur la borne.

L’esclave, c’est le malheureux que la faim condamne au vol, en attendant que la société le condamne au bagne.

L’esclave, c’est le père qui envoie son jeune fils respirer l’air des filatures malsaines ; c’est le fils qui envoie son vieux père mourir à l’Hôtel-Dieu.

L’esclave, c’est l’enfant du pauvre, qui entre dans un atelier à six ans ; c’est la fille du pauvre, qui à seize ans se prostitue.

Les esclaves, ce sont ceux qui écrivent sur leur bannière : Vivre en travaillant, ou mourir en combattant, et qui, cela fait, combattent et meurent.