Page:Blanc - L’Organisation du travail.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
210
ORGANISATION

d’en abuser les idées mêmes qui font leur force au sein des masses ; il prendra l’initiative de certaines mesures que lui seul peut appliquer avec discernement et sans péril. Lorsque, l’année dernière, des milliers d’ouvriers parcouraient dans un calme menaçant les rues de la capitale ; lorsque, dans des jours de paix et de prospérité commerciale, ils interrompaient le cours de leurs travaux pour débattre, sous l’ardente excitation des partis, les questions les plus complexes, le premier devoir du gouvernement fut de dissiper par la force une émeute d’autant plus dangereuse qu’elle s’ignorait elle-même ; mais à ce devoir accompli a dû en succéder un autre. Il faut que le pouvoir pose à son tour les problèmes posés par les factions. Il doit se demander jusqu’à quel point il peut intervenir dans la seule forme de l’activité nationale, livrée sans règle comme sans contrôle à toutes les chances des événements et de la fortune. Pourrait-il exercer une salutaire médiation entre l’ouvrier et le chef d’atelier, relativement aux conditions du travail ? Serait-il en droit de limiter la concurrence à la mesure véritable des besoins et des débouchés ? Lui serait-il interdit de protéger l’honneur et le crédit de la France sur les marchés étrangers par une surveillance exercée à l’exportation de nos produits ? Enfin, lorsque l’édifice de la société nouvelle repose sur l’unité centralisée et sur l’action administrative, ce double principe peut-il rester sans nulle application aux intérêts les plus nombreux et les plus faciles à émouvoir ? Le principal résultat qu’aient à re-