Page:Blanc - L’Organisation du travail.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
233
DU TRAVAIL.

dont il faut, pour conserver leur pratique, tenter les goûts, servir les caprices, flatter bassement les préjugés, entretenir les erreurs ; et le remède proposé consistait à convertir en un principe sacré ce fait déplorable, à lui donner la consécration de la loi !

Tant d’aveuglement se conçoit à peine.

Au reste, puisqu’on a parlé de propriété littéraire, voyons un peu ce que de tels mots signifient.

La propriété de la pensée ! Autant vaudrait dire la propriété de l’air renfermé dans le ballon que je tiens dans ma main. L’ouverture faite, l’air s’échappe ; il se répand partout, il se mêle à toutes choses : chacun le respire librement. Si vous voulez m’en assurer la propriété, il faut que vous me donniez celle de l’atmosphère : le pouvez-vous ?

Aux partisans du droit de propriété littéraire, nous demanderons d’abord, avec M. Portalis : qu’entendez-vous par une pensée qui appartient à quelqu’un ? Cette pensée vous appartient, dites-vous. Mais avec dix livres, peut-être, on a fait toutes les bibliothèques qui existent ; et ces dix livres, tout le monde les a composés.

Les grands hommes ne gouvernent la société qu’au moyen d’une force qu’ils lui empruntent à elle-même. Ils ne l’éclairent que par la concentration dans un ardent foyer de tous les rayons