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ORGANISATION

et de leur famille la propriété de leurs œuvres. Et au lieu de cela, M. de Lamartine nous prouve, ce que aucun de nous n’a jamais mis en doute, que la pensée est utile ! Voilà un étonnant paralogisme. Oui, certainement la pensée est utile ; et bien loin de nier cette vérité, c’est au contraire sur elle que nous nous appuyons pour demander qu’on n’en gêne pas le cours, qu’on n’en puisse jamais arrêter la propagation. C’est parce que toute civilisation est fille d’un livre que nous ne voulons pas qu’il soit permis, même à l’auteur d’un de ces livres, après qu’on l’en aurait déclaré propriétaire, de le déchirer et d’en jeter les feuillets au vent. Et ce que nous refusons à l’auteur, par respect pour Dieu, premier auteur des livres que vous appelez saints, vous l’accordez, vous, à un héritier qui sera un idiot, peut-être un scélérat ou un fou ! Et c’est au nom des services immenses qu’un livre peut rendre à l’humanité que vous reconnaissez à un individu, qui ne l’aura pas fait ce livre, qui souvent sera hors d’état de le comprendre, l’inconcevable droit de le détruire ! Car si vous admettez ce fait comme peu probable, il faut du moins que vous le teniez pour légitime, sous peine de renverser d’une main l’édifice que vous élevez de l’autre, sous peine de décréter la propriété en dépouillant le propriétaire des prérogatives qui la constituent. Se figure-t-on l’Évangile appartenant, par droit