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ORGANISATION

pompes vaines d’une puissance qui s’en va, elle affirme puérilement sa force, et, dans l’excès même de son trouble, elle se vante ! Les privilégiés de la civilisation moderne ressemblent à cet enfant spartiate qui souriait, en tenant caché sous sa robe le renard qui lui rongeait les entrailles. Ils montrent, eux aussi, un visage riant ; ils s’efforcent d’être heureux. Mais l’inquiétude habite dans leur cœur et le ronge. Le fantôme des révolutions est de toutes leurs fêtes.

La misère a beau ne frapper, loin de leurs demeures, que des coups mesurés et silencieux, l’indigent a beau s’écarter du chemin de leurs joies ; ils souffrent de ce qu’ils soupçonnent ou devinent. Si le peuple reste immobile, ils se préoccupent amèrement de l’heure qui suivra. Et lorsque le bruit de la révolte est tombé, ils en sont réduits à prêter l’oreille au silence des complots.

Je demande qui est réellement intéressé au maintien de l’ordre social, tel qu’il existe aujourd’hui. Personne ; non, personne. Pour moi, je me persuade volontiers que les douleurs que crée une civilisation imparfaite se répandent, en des formes diverses, sur la société tout entière. Entrez dans l’existence de ce riche : elle est remplie d’amertume. Pourquoi donc ? Est-ce qu’il n’a pas la santé, la jeunesse, et des flatteurs ? Est-ce qu’il ne croit pas avoir des amis ? Mais il est à bout de jouissances, voilà sa misère ; il a