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ORGANISATION

sécurité, en ce qui concerne le riche. Tyrannie infatigable pour l’un, la concurrence, mère de la pauvreté, est pour l’autre une perpétuelle menace. Personne n’ignore que la plupart des malfaiteurs sortent des grands centres d’industrie, et que les départements manufacturiers fournissent aux cours d’assises un nombre d’accusés double de celui que donnent les départements agricoles : ce seul rapprochement dit assez ce qu’on doit penser de l’organisation actuelle du travail, des conditions qui lui sont imposées et des lois qui le régissent.

Après cela, imaginez quelque beau système pénitentiaire, ô philanthropes ! Quand vous aurez fait de la peine un moyen d’éducation pour le criminel, la misère qui l’attend au sortir de vos prisons l’y repoussera sans pitié. Médecins clairvoyants, laissez, croyez-moi, ce pestiféré dans son hôpital : en le rendant à la liberté, vous le rendez à la peste.

Aussi bien, le contact du scélérat incorrigible est mortel pour l’homme faible qui serait susceptible de guérison, le vice ayant comme la vertu sa contagion et son point d’honneur.

C’est ce qui a été amèrement compris par nos hommes d’État, et c’est ce qui a donné naissance à la loi sur les prisons, telle qu’en mai 1844 la chambre des députés l’a votée. Cette loi a pour but d’éviter les dangers du pêle-mêle immonde qui rive, dans les prisons, les novices du crime