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DU TRAVAIL.

des milliers de vaisseaux vers l’orient et l’occident, vers le nord et le midi ; enseigner à cent contrées la jouissance de leurs propres trésors ; vendre à l’Amérique les productions de l’Europe et à l’Europe les riches productions de l’Inde ; faire vivre toutes les nations de son existence, et en quelque sorte les attacher à sa ceinture par les innombrables liens d’un commerce universel ; trouver dans l’or une puissance capable de balancer celle du glaive, et dans Pitt un homme capable de faire hésiter l’audace de Napoléon, il y a dans tout cela un caractère de grandeur qui éblouit l’esprit et l’étonne.

Mais aussi, pour atteindre son but, que n’a point tenté l’Angleterre ! Jusqu’où n’a-t-elle pas poussé la rapacité de ses espérances et le délire de ses prétentions ! Faut-il rappeler comment elle s’est emparé d’Issequibo et de Surinam, de Ceylan et de Demerary, de Tabago et de Sainte-Lucie, de Malte et de Corfou, enveloppant le monde dans l’immense réseau de ses colonies ? On sait de quelle manière elle s’est établie à Lisbonne depuis le traité de Méthuen, et par quel abus de la force elle a élevé dans les Indes sa tyrannie marchande, à côté de la domination hollandaise, mêlée aux débris de l’édifice colonial bâti par Vasco de Gama et Albuquerque. Nul n’ignore enfin le mal que son avidité a fait à la France, et par quelle guerre de sourdes menées,