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DU TRAVAIL.

des concurrents qu’elle ne saurait toujours vaincre ; dans leur inertie, qui lui enlève des consommateurs dont elle ne saurait se passer.

C’est ce qui est arrivé déjà sur une petite échelle, et doit inévitablement arriver sur une échelle plus grande. Que de pertes l’Angleterre n’a-t-elle pas éprouvées par ce seul fait que ses produit s’étaient accrus dans une proportion que n’avaient pu atteindre les objets contre lesquels ils devaient s’échanger ? Combien de fois l’Angleterre n’a-t-elle pas produit d’après des prévisions dont l’événement est venu cruellement châtier l’extravagance ? On n’a pu oublier de sitôt la grande crise qui servit de dénoûment aux intrigues des anglais dans les contrées qui s’étendent du Mexique au Paraguay. À peine la nouvelle était-elle arrivée en Angleterre que l’Amérique méridionale présentait un champ libre aux aventuriers de l’industrie, qu’aussitôt tous les cœurs battirent de joie et toutes les têtes s’exaltèrent. Ce fut un délire universel. Jamais la production n’avait eu en Angleterre un tel accès de frénésie. À entendre les spéculateurs, il ne s’agissait que de quelques jours et de quelques vaisseaux pour transporter dans la Grande-Bretagne les immenses trésors que renfermait l’Amérique. La confiance était si grande, que les banques se hâtèrent de battre monnaie avec les espérances du premier venu. Et de ce grand mouvement que résulta-t-il ?