Page:Blanc de Saint-Bonnet - De l’unité spirituelle, tome 2.djvu/93

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cipes mathématiques ? Les vérités médicales ne sont-elles pas des préjugés pour le peuple, qui tous les jours en fait usage, et n’en connaît pas l’explication thérapeutique ? Enfin, les vérités d’une science ne sont-elles pas, la plupart du temps, des préjugés pour cette science même ? On sait, par exemple, en médecine, que le quina guérit de la fièvre ; eh bien, cette connaissance n’est qu’un préjugé, car on n’a pas encore pu expliquer comment il opère cet effet. Mais ira-t-on interdire l’usage de ce remède indispensable, et attendre, avant de s’en servir, que l’on ait trouvé son explication thérapeutique ? Il en est de même de toutes les vérités encore à l’état de préjugé, sur lesquelles vit le monde. Heureux le temps où les préjugés seront tous convertis en connaissances scientifiques, et se trouveront ainsi débarrassés des erreurs qu’ils peuvent cacher parmi eux ! Mais ce temps n’est pas encore venu, et, en attendant, il faut bien vivre et profiter de la vérité telle que nous l’avons.

D’après tous ces faits, nous voyons 1o que l’intelligence est une faculté de la nature humaine, tout-à-fait distincte de la raison, puisque souvent elle est en opposition avec elle ; 2o que l’intelligence est aussi différente de la raison, dont elle élabore la lumière, que le corps l’est de la volonté, dont il réalise l’acte ; 3o que l’intelligence peut, par ses sophismes, repousser la raison et produire des pensées contraires à ses principes, comme le corps peut, par ses passions, s’insurger contre la volonté et produire des actions contraires à ses désirs ; 4o que l’intettigence, comme le corps, faite seulement pour ce monde, peut