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POËTES ET AMOUREUSES DU XVIe SIÈCLE

de part que l’esprit. Quant à son style, il pourroit passer pour pur, par rapport au mauvais goût de son siècle, dont elle semble avoir dompté la rudesse par la facilité de son génie. Je ne m’amuse point à relever ses imitations ; elles se feront assez sentir aux connoisseurs, qui ne manqueront pas de distinguer l’adresse avec laquelle elle sait se rendre propre tout ce qu’elle lire des anciens. Excellente manière d’imiter, bien éloignée de la dépendance de la pluspart de nos autbeurs, qui s’imaginent qu’imiter c’est traduire grossièrement l.

O si fétois en ce beau sein ravie,
De celui-là pour qui je vay mourant,
Si avec luy vivre le demourant
De mes courts jours ne m 7 empeschoit envie !

Si, m embrassant, il me disoit : m’amie,
Contentons-nous l’un Vautre, s’asseurant
Que ni tempeste, Euripe, ni courant
Ne nous pourra disjoindre en notre vie.

Si de mes bras, le tenant embrassé,
Comme du lierre est un arbre enlassé,
La mort venoit de mon aise envieuse,

i. Appréciation parfaite exprimée en fort bons termes.