Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/152

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francs et crée de toutes pièces un système complet de routes, de canaux et de chemins de fer.

En France, avec nos rivières et nos canaux qui chôment une partie de l’année et qu’on ne peut parcourir pendant l’autre partie que moyennant des droits de navigation énormes, les routes sont seules à supporter d’énormes fardeaux, des chargements de pierre, de houille, de fer etc. En Angleterre, au contraire, grâce à la multiplicité des moyens de transport, tous les objets d’un grand poids sont portés par les canaux et les rivières, et les routes ne servent guère qu’aux voyageurs.

Dans ce pays chacun professe un respect vraiment religieux pour les routes, et il s’y commet peu de dégât ; chez nous au contraire on ne prend aucune précaution pour les ménager. Si le chemin est trop mauvais ce qui arrive fréquemment, et que les champs d’à côté ne soient pas défendus par des fossés, les voituriers quittent la route et empiètent sur le champ ; quant aux piétons ils le font presque toujours. Tout cela, Messieurs, cause un grand tort à l’agriculture ; il y a beaucoup de terrain perdu, de récoltes diminuées par cette insouciance, et ce mépris que chacun semble affecter pour la chose d’autrui.

Chaque riverain se croit propriétaire de la partie de route ou de chemin qui passe devant sa terre, et il en use en conséquence. Sans sortir des villes on trouve mille exemples de cette singulière habitude qu’ont les individus de s’emparer pour leur usage personnel de la voie publique qui