Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/28

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Cette manière de voir est malheureusement fort répandue en France, surtout parmi les classes d’ouvriers, de marchands, de cultivateurs, qui ont économisé tout leur avoir, sou à sou, sur leur gain de chaque jour ; et c’est elle qui dans beaucoup de localités a été un obstacle quelquefois insurmontable à l’établissement et à la réussite des caisses d’épargnes, ainsi qu’un grand fabricant de draps, M. Victor Grandin, l’a déclaré dans l’enquête ; ainsi que nous avons eu maintes fois l’occasion de le vérifier nous-même, et cela aux portes de Paris.

Chez nous donc l’ignorance des conditions qui doivent régler toute bonne entreprise industrielle, la crainte souvent mal fondée des révolutions, l’extrême division des propriétés, et la faveur dont jouit ce mode de placement des capitaux, sont de grands obstacles à ce que ceux-ci produisent autant qu’ils pourraient le faire et rendent tous les services dont ils seraient susceptibles ; ils s’opposent surtout à un grand développement de la production manufacturière. Aussi, malgré l’admirable position topographique de la France, commence-t-elle à peine l’exploitation des immenses richesses de toutes sortes, minérales et végétales, que son sol renferme.

Nous avons vu qu’en Angleterre le sol manquait aux bras, et qu’en France les bras ne manquaient pas plus à la terre que celle-ci aux bras ; si nous jetons nos regards sur les Etats-Unis de l’Amérique du Nord, nous verrons un état de choses entièrement opposé à celui que nous avons remar-