Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/333

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part des chagrins de son père. Elle s’appelait Jeannette, et Highs la fit marraine de sa machine, qu’il appela Spinning Jenny. (Jeannette la fileuse ou la fileuse de Jeannette).

La première Jenny n’avait qu’une aune carrée et six broches. Plus tard Highs en construisit qui avaient jusqu’à vingt-quatre broches. Trois ans après l’invention de ce pauvre fabricant de peignes, James Hargraves de Blackburn apporta quelques modifications à la pince de la Jenny. Ceux qui connaissent cette machine savent qu’on appelle ainsi les deux morceaux de bois qui maintiennent la broche sur laquelle s’enroule le fil. Ce fait a induit en erreur quelques historiens qui ont attribué à Hargraves la découverte de Highs. Cette erreur fut encore accréditée par un mémoire d’Arkwright que j’aurai occasion de vous citer bientôt.

La Jenny ne donnait que la trame ; mais Highs l’eut bientôt complétée au point de se surpasser lui-même, en imaginant une machine capable de filer le coton au degré de consistance et de finesse qu’exige la chaîne, qui jusque là avait été faite en fil de lin étranger. C’est la machine à cylindres, e Throstle des Anglais et la continue des manufacturiers français. Le coton est soumis à la pression de deux paires de cylindres, dont un par paire est cannelé pour laisser passer le fil qui s’amincit et se tord et puis se renvide sur une bobine. C’est Kay, dit-on, qui a fait la première continue sur le modèle en bois de son ancien compagnon d’infortune. Comme il faut une force considérable