Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/429

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Si de Reims nous passons à Amiens, nous trouverons dans cette ville et dans ses environs trois branches d’industrie bien distinctes : la filature de la laine et la fabrication des étoffes de laine et de laine et soie, la filature du coton, et les tissus de coton, ainsi que la bonneterie.

Il sort chaque année de la fabrique d’Amiens 180 pièces de tissus de toute espèce, représentant une valeur de 40 millions de francs, et exigeant un capital de roulement de 24 millions de francs. Dans cette ville et les localités qui l’entourent, le travail est divisé et subdivisé plus encore qu’a Reims ; il en résulte naturellement une augmentation des prix de revient et une réduction des profits des fabricants, aussi bien que du salaire des ouvriers qui, pour certains articles, ne gagnent que 4 fr. à 4 fr. 50 c. par semaine, soit 70 à 72 centimes par jour !

Il y a 20 ans, l’industrie cotonnière régnait en souveraine à Amiens, et chaque année il sortait des fabriques de cette ville 210,000 pièces de velours de coton ; aujourd’hui on n’en fait pas plus de 70 à 80,000 ; c’est une différence des 213. Les anciens métiers à filer le coton se sont depuis lors transformés en métiers à filer la laine, pour la fabrication des alépines et des escots. Ces deux étoffes sont modernes : la première ne date que de 1823, époque à laquelle la filature de la laine, qui jusque-là n’était faite qu’au rouet, put se faire à la mécanique.

6,000 métiers et autant d’ouvriers sont employés au tissage de l’alépine, qui se compose, on