Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/76

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(1 franc 25 centimes). Ces derniers billets surtout, étaient devenus, pour ainsi dire, la seule monnaie dont les fermiers et les fabricants se servissent pour payer les salaires de leurs ouvriers, et c’était avec eux que ces derniers soldaient, chez les marchands en détail, leur nourriture de la semaine et tous les objets de leur consommation habituelle. On comprend, dès-lors, que lorsqu’une banque suspendait ses paiements, elle ruinait non-seulement ceux dont elle n’alimentait plus le travail en fermant brusquement leur crédit, mais aussi tous ceux qui, sans avoir de rapports directs avec elle, se trouvaient néanmoins liés à sa fortune par le nombre considérable de billets de sa création dont ils se trouvaient détenteurs.

Mais en voulant changer cet état de choses, et surtout en adoptant pour arriver à ce but des moyens extrêmes et des remèdes violents, le général fit aux travailleurs plus de mal qu’ils n’en eussent ressenti, s’il avait laissé les choses suivre leur cours. Son intervention eut pour résultat la faillite d’un grand nombre de banques qui ne reposaient que sur des bases fragiles et ne se soutenaient que par des ressources éphémères et le crédit. Les nombreux sinistres qui éclatèrent alors compromirent un instant la tranquillité publique ; elles réduisirent à la misère la plus complète des classes nombreuses et intéressantes d’artisans et d’ouvriers employés aux travaux de l’agriculture et des fabriques, soit agricoles, soit manufacturières. Dans ce cas, comme toujours, ce furent les petits et les faibles qui payèrent les