Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/84

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dans les temps tout-à-fait calmes et dans les pays où il y a des billets de petites sommes qui font fonction de petite monnaie ; et pourtant que nous sommes loin, malgré notre richesse métallique, de l’état où se trouvent l’Angleterre et les États-Unis ! Chez nous la plupart ne savent pas se séparer de leurs espèces, et c’est à ce mal d’abord qu’il faut chercher un remède. Comment pourra-t-on engager les écus à sortir ? C’est, Messieurs, par l’appât de l’intérêt. Voilà tout ce qui nous manque. En effet, le capitaliste de province ne sait pas même de quel côté diriger ses fonds pour les faire produire, et il prête, comme on dit, à la petite semaine ; il porte mécaniquement l’argent chez son notaire pour avoir toujours une hypothèque en garantie de son prêt, et ce système, vous le savez, est dangereux pour le prêteur et pour l’emprunteur.

L’infériorité que nous déplorons doit être attribuée à la langueur du crédit qui a pour principale cause cet attachement aveugle à l’argent qui empêche les possesseurs de s’en séparer. Aussi, consultez les tableaux de douane et vous serez frappés de la supériorité du commerce des Anglais. Ceux-ci font chez eux les affaires avec les billets de banque et emploient leur numéraire à faire les achats des matières premières sur les marchés étrangers. Ils activent ainsi le commerce extérieur, sans nuire à leur prospérité intérieure, quand nous ne savons tirer aucun parti de l’immense capital que nous possédons.