Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/103

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l’homme, on s’est autorisé de la permanente activité de l’instrument pour exiger autant de services du bras qui le dirige, de l’œil qui le surveille ; ce qu’on a retiré de la fatigue du travail, on l’a reporté sur la durée. Les journées de 12 heures ont été étendues à 14 et 15, et il n’est plus resté aux anciens manœuvres élevés aux fonctions d’ouvriers, qu’un temps à peine suffisant pour satisfaire des appétits bruts ; il n’ont pas eu celui de vivre, de penser. C’est là un grave inconvénient et je suis prêt à le reconnaître avec tous ceux qui l’ont signalé, mais j’ai cherché en vain comment il était possible de le faire disparaître. On a proposé je le sais de régler par une loi le maximum de la durée du travail. Au premier abord ce remède semble suffisant, et la loi d’une exécution facile, mais en admettant que cela soit comme on l’espère je recherche les effets de la loi et je suis conduit à reconnaître qu’elle n’est point admissible parce qu’elle aurait pour résultat de tuer l’industrie. Quelle serait en effet la position de nos fabricants qui, conformément à la loi ne feraient fonctionner leurs machines que 10 ou 12 heures par jour, vis-à-vis de leurs concurrents des autres pays qui travailleraient 14 ou 15 heures ? Les forcerez-vous à payer à leurs ouvriers un salaire aussi fort pour 12 heures que pour 15 ? S’ils réduisent le prix de la journée d’un quart ou d’un cinquième, comment les ouvriers pourront-ils vivre, quand déjà leur salaire actuel est insuffisant ? Et s’ils le laissent intact, comment soutien-