de la philosophie spéculative pour entrer dans celui des faits ; car ce fut surtout par des faits que les adversaires de Malthus voulurent le combattre ; et sous ce point de vue, je dois le dire, si l’auteur de l’Essai de la population s’est aussi appuyé sur des chiffres, les chiffres ont fourni de puissants arguments contre lui. En voici quelques-uns qu’il n’est jamais parvenu à réfuter. Ils sont pris dans son propre pays.
La population d’Angleterre était | ||
en 1700 de | 5,000,000 | hab. |
et en 1831 de | 14,000,000 | » |
La population de Londres était | ||
en 1700 de | 140,000 | » |
et en 1831 de | 1,400,000 | » |
Les pauvres étaient dans toute | ||
l’Angleterre en 1700 de | 200,000 | » |
et en 1836 de | 400,000 | » |
Ainsi, quand la population d’Angleterre a triplé et celle de la ville de Londres décuplé, le nombre des pauvres a à peine doublé. C’est là un rapport décroissant bien sensible qu’il faut attribuer à l’augmentation de la richesse publique par le travail des machines. La différence n’eût pas été aussi grande si j’avais pris pour base de mon appréciation les mendiants de la ville de Londres dont la population plus errante, contient un quart en sus de celle de la Grande-Bretagne, en chevaliers d’industrie de toute espèce ; et d’ailleurs on ne les connaît pas tous, car une bonne partie y est à l’état de mendiant, moitié voleur, moitié honteux.