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a fait commettre aux hommes les mieux intentionnés.

Lorsque l’assemblée constituante, frappée de l’inégalité de la répartition des charges publiques, voulut réformer l’assiette de l’impôt et dégrever les classes pauvres, elle prononça la suppression des taxes indirectes qui pesaient plus directement sur ces dernières ; il en résulta immédiatement une insuffisance de ressources, que ne put faire disparaître ni la vente des biens confisqués sur les émigrés, ni ceux des communautés religieuses qui avaient été abolies, ni même le remède héroïque des assignats et de la banqueroute. L’abandon des impôts indirects laissa donc vides les coffres de l’état, en présence de l’Europe en armes levée contre la France ; et si l’enthousiasme patriotique n’eût escompté la victoire en expectative, pour remplir de gloire les estomacs vides de pain, et couvrir avec des débris de drapeaux conquis les membres nus de nos soldats la faiblesse de la faim eût laissé les armées étrangères s’établir en vainqueur jusque dans la capitale[1].

Malgré les décrets philanthropiques de l’Assemblée, la misère exerçait ses ravages aussi bien dans le peuple que dans les rangs de l’armée ; vainement avait-on levé la main-morte qui existait sur les propriétés et facilité, leur morcellement ; aboli les jurandes et les maîtrises qui gênaient le tra-

  1. On se rappelle que ce fut avec des promesses, que Bonaparte entraîna l’armée des Alpes qui n’avait ni vivres, ni habits, ni chaussures, à ouvrir la campagne dont la conquête de l’Italie fut le prix.
    Note du R.-Ad. B. (des V.)