Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/168

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manière à donner plus de force à son action productrice. Je vous ai montré comment tout le monde ne pouvait être également riche, parce qu’il y avait des inégalités dans les facultés intellectuelles comme dans les forces matérielles ; je veux vous convaincre de l’exactitude de mon argumentation, et pour cela je vous citerai quelques exemples.

Quand, à bord d’un navire, vous observez, d’une part, le capitaine assis paisiblement à son banc de quart, donner des ordres qu’un peuple de matelots exécute ; et, de l’autre, les hommes de l’équipage le visage et les membres couverts de sueur, s’épuiser à la manœuvre des voiles et des cordages, vous surprenez-vous à comparer l’inégalité du traitement des matelots et du capitaine ? Non, parce que vous savez que l’intelligence de celui-ci gouverne tout, et que si la direction du navire venait à être confiée à un homme de l’équipage, au premier grain tout serait perdu, corps et biens. Pourquoi donc alors se récrier contre l’énormité des profits de l’entrepreneur d’industrie et s’en prendre à lui de l’insuffisance du salaire des ouvriers ? N’est-il pas dans son usine comme le capitaine dans son navire ? N’est-ce pas lui qui, de son cabinet, où il n’a d’autre fatigue que celle de recevoir des lettres et d’y répondre, dirige toutes les affaires, fait arriver d’Amérique des cotons en laine, dont la conversion en filés occupe quelques centaines d’ouvriers ? N’est-ce pas lui ensuite qui en opère la vente et renouvelle, avec le produit qu’il en retire, ses matières premières, ses machines, et paie ses ouvriers ? Que la mort l’enlève